Un couché de soleil plus tard...

[Mélodie]

Mélodie était assise sur la plus haute des falaises, ses jambes se balançaient dans le vide, au-dessus des vagues qui se brisaient inlassablement contre les falaises.
Les longs cheveux noirs ondulaient aux gréés d'une brise maritime qui lui fouettait violemment le visage. Mais elle tenait bon; contempler le couché de soleil était bien trop agréable pour s'enfuir dès la moindre bourrasque. Mélodie n'aurait sût dire pourquoi mais ce genre de spectacle la détendait. Depuis la Météorite, elle n'était que peu sorti de son manoir et ce n'était qu'après l'arrivée des Rédempteurs qu'elle avait commencé à observer la nature.

Les couchés de soleil faisaient à présent partie de sa vie. Elle n'avait plus de but que de pouvoir, chaque jour, en contempler. Elle n'avait plus d'autre envie que d'être là, sur les falaises, le soir.
Mélodie s'ennuyait tellement qu'elle en était réduite, pour se distraire, à éliminer chaque pékin qu'elle croisait. Soit elle se battait de front en leur écrasant la tête à coup de pierre (sa grande spécialité), soit empoissonnait les boissons que buvaient les malheureux lorsqu'ils ne prenaient pas garde. Ses victimes ? Hommes, femmes, enfants, Rédempteurs ou Survivants, Mélodie ne faisait pas la distinction, elle les supprimait tous parce que sinon, elle s'ennuyait. Cette activité macabre n'était en fait qu'une distraction comme une autre.

Le reste de la journée, elle fabriquait du poison, s'exerçait à ses facultés télépathiques, cherchait de quoi se nourrir. Et là était le problème... il n'y avait rien à manger par les temps qui courraient sur Terrea. Chacun des clans tirait la couverture de leur côté et explorait les denrées, tant pis pour les quelques exclus, comme elle.

Mélodie poussa un léger soupir en pensant à son ancienne vie et à la nouvelle. Laquelle préférait-elle ? Aucune, elles étaient aussi minables l'une que l'autre, seule la mort semblait attirante... Mais y avait-il des couchés de soleil dans l'au-delà ?

[Bâal]

Le destrier cavalait à vive allure à travers les plaines, c'était un bon cheval, noir avec des yeux profonds qui reflètaient l'intelligence de l'animal, son pelage était doux et soyeux. Bâal l'avait emprunté pour se rendre sur les falaises, il était tard mais il avait pour idée d'effectuer un petit jogging sous le soleil couchant.

Les falaises se rapprochaient et la mer commençait à pointer dans le vaste horizon, l'herbe se couchait sous les pieds de la bête et Bâal lui commençait à se sentir rassuré d'arriver, il ressentait déjà quelques douleurs au niveau des cuisses. Le soleil s'éloignait lentement et sa lumière orangée flottait sur les eaux.

Le survivant arriva enfin aux falaises, il était sur la plus haute, l'air était vivifiant et la vue imprenable. Il descendit de son cheval et resta admiratif pendant plusieurs minutes de la beauté du paysage. Soudainement, il remarqua une silhouette assise, les jambes dans le vide. Il eut un mouvement de recul, imaginant un moment la présence d'un rédempteur puis il se dit que s'il s'agissait d'un rédempteur il lui trancherait la gorge et tout serait fini. Enfin, il pouvait toujours s'agir d'un ou d'une survivante qui comme lui profitait de ce coucher de soleil pour s'émerveillait devant sa beauté.

" Humm...Bonjour. "

[Mélodie]

Mélodie entendit derrière elle un bruit de sabots. Elle ne se retourna pas, gardant les yeux fixés sur le ciel paré de couleurs chatoyantes. Cette vision était si agréable, si reposante, un parfaite harmonie, celle qui avait quitté Terrea, et qui ne l'avait d'ailleurs jamais habité.

Cette personne, Bâal, ne méritait pas qu'elle se retourne, rédempteur ou survivant, il l'interrompait pendant l'un de ces rares moments de quiétude. Comment osait-il ?

Bâal descendit de son cheval, Mélodie entendit ses bottes frapper le sol lourdement. Dans son dos elle sentait la monture du survivant hennir. Peut-être appréciait-elle le spectacle ou peut-être déconseillait-elle son cavalier d'aller plus loin? Mais dans ces deux cas, le canasson avait bien raison.

"Hum... bonjour"

Dit l'inconnu. Pas de réponse. Mélodie était en train d'analyser la voix. Hésitante mais un ton farouche, un survivant très certainement. Bon, un de plus un de moins...

Pauvres petits survivants... chassés par les Rédempteurs, condamnés à résister vainement aux attaques répétées des Monstres du Chaos et de leurs nouveaux ennemis... Jusqu'à leur fin. Comprenaient-ils qu'elle était imminente ? Pourquoi ne cédaient-ils pas aux Rédempteurs et rejoignaient leurs rangs au lieu de se faire la guerre ? Courage ? folie ?
Peu importe, c'était stupide.

"Bonsoir."

Dit simplement Mélodie de sa voix ténébreuse.

[Bâal]

La personne ne répondit pas au premier instant, elle se laissa le temps de réfléchir. A quoi pensait-elle ? Peut-être était-ce une rédemptrice... En tout cas, Bâal se tient sur ses gardes et attendit la réponse de la jeune fille, si du moins elle répondait. Alors que le jeune homme pensait en ces termes, la voix ténébreuse de la femme se fit entendre.

"Bonsoir."

Une voix inquiétante et peu chaleureuse. Bâal s'approcha doucement, lâcha les brides du destrier noir qui s'en alla brouter l'herbe un peu loin et s'assit sur la falaise à une distance assez sécurisante de la jeune femme. Ainsi, si jamais elle l'attaquait, il pourrait prendre le temps de s'enfuir ou de se battre.

" Je m'appelle Bâal, je suis survivant. Et vous qui êtes-vous ? Je vous déranges peut-être ?" fit-il sur un ton rassurant et plein de confiance.

[Mélodie]

Mélodie trouva le comportement de Bâal pathétique. Croyait-il qu'en s'éloignant, elle ne pourrait pas le tuer ? Ses pouvoirs de télékinésiste pourrait lui écraser la tête à coup de rochers à tout moment, un ou deux mètres ne changeaient rien. Elle n'avait qu'à bouger le doigt, il serait mort. Son éloignement était donc dérisoire. Sécurité qu'il trouvait rassurante mais que Mélodie savait inutile. Car en effet, si la jeune fille avaient des pouvoirs d'une puissance assez considérable, elle ne savait pas utiliser une arme (à part un poignard avec lequel elle assassinait des gens dans leurs sommeil...)
Cependant, aussi étrange que cela puisse être, Mélodie choisit de ne pas le tuer tout de suite. Le couché de soleil était si beau, elle ne voulait pas en rater une miette, surtout à cause d'un gamin dans le genre de Bâal.

"Je suis une survivante. Comme tout ceux qui vivent aujourd'hui."

Répondit Mélodie de sa voix ténébreuse, très grave et profonde. Elle ne quittait pas le ciel des yeux mais restait alerte à tout les gestes du Survivant sans pour autant donner l'impression de la faire. De toutes façons, le jeune homme était un peu en retrait par rapport à elle...

[Bâal]

Mélodie semblait le concidérer avec pathétie. Bâal suspecta son interlocutrice de quelque chose mais quoi donc ? Etait-elle une voleuse ? Une serial killeuse ? Tant de questions. Pour l'instant, le but était de s'en sortir sans que la jeune femme se rende compte de quoi que ce soit. Bâal se mit donc à faire virevolter des cailloux dans ses mains d'une manière enfantile.

" Il y a aussi des rédempteurs...Beau paysage " se contenta t-il de répondre.

Le survivant passa une main dans ses cheveux et reprit son jeu avec les cailloux, cette fois-ci il les disposait sur le sol d'une manière encore puérile mais en tâchant de les placer à égal distance. Il ne quittait pas la jeune fille des yeux, attendant de pouvoir croiser son regard.

" Vous ne m'avez toujours pas dit comment vous vous appellez."

[Mélodie]

L'expression du visage de Mélodie redevint tout à fait inexpressif, elle fixait de nouveau le soleil, ne se préoccupant plus de Bâal. Mais quel débile! Il jouait avec des cailloux. Quel âge avait-il ? Trois ans et demi ? Non, un gamin sentirait qu'il ne faut pas parler à une personne telle que Mélodie... il tenait plus de... la carotte ?

"Le Rédempteurs ont survécus à la Météorites. Ce sont des survivants."

Murmura la sombre jeune femme d'une voix ténébreuse et très grave. Avait-elle tord ? Evidemment que non! Premièrement parce qu'elle avait toujours raison (elle n'était pas une génie pour rien...) mais surtout parce qu'il était indéniable que ceux qu'on appelait ici les "Rédempteurs" étaient ni plus ni moins des survivants! N'avaient-ils pas survécus à la Météorite ?
Ce n'est pas parce que l'ont appelle une poire "carotte" qu'elle va changée de gout. C'était pareil ici!

"Mon nom a-t-il une importance réelle ?"

Demanda Mélodie, ne daignant toujours pas ce tourner vers son interlocuteur.

[Bâal]

Mélodie lui répliqua séchement que les Rédempteurs étaient aussi des survivants. Après tout c'était vrai, mais les Survivants étaient le nom officiel des " gentils ", enfin des gens qui vivaient dans la cité. Bâal lâcha ses cailloux et fixa un point au loin.

La jeune femme lui demanda alors si son nom avait une réelle importance, Bâal se tourna vers elle lentement, prit le temps de quelques secondes avant de répondre :

" Bien sûr. Vu votre agressivité, et le ton avec lequel vous me parlez, sans comptez le fait que je n'ai jamais vu votre visage, vous pourriez très bien être recherché, et je suis très bien documenté sur les noms des individus qui sont recherchés. Mais, si vous n'êtes pas l'un d'eux, je ne vois en quoi cela peut vous gêner de me le divulguer. "

Le survivant attendit la réponse, il avait cet fois joué d'un jeu différent plus proche de celui de son interlocutrice au lieu de se contenter d'adopter un ton naturel et une conversation " normale ".

[Mélodie]

Agressive ? Quel idiot. Soit il était paranoïaque, soit il était vraiment sourd. Agressive ? Non! Elle parlait d'une voix tout à fait posée et détachée bien qu'elle fut ténébreuse. Pauvre petit survivant. Lui faisait-elle peur au point qu'il entende des voix. Sot

"Personnes recherchées ? Tiens donc. On rechercher des gens maintenant? Fichez vous tout les Rédempteurs dans l'espoir pathétique qu'il vous livrent gentiment leurs patronymes lorsque vous les rencontrez ? Ou est-ce seulement pour les Survivants qui refusent de coopéré ?"

[i]Murmura Mélodie de sa voix grave, toujours plus ténébreuse et atrocement calme. Les paroles étaient pourtant chargées d'ironie et de mépris. En fait, on aurait du que la sombre demoiselle répétait un poème sans y mettre le ton.

"Vous parlez d'agressivité sans comprendre que vous en fait preuve. Ou peut-être sans savoir ce que cela signifie."

Mélodie fit une pause avant de continuer, ses yeux noirs toujours braqués au loin.

"Pour en revenir à mon nom, sachez qu'il n'a aucune importance car personne ne m'a appelé depuis bien des années. Et vous même, vous ne m'appellerez certainement pas non plus. Je puis être nommée du nom d'"Elise", "Agathe" ou "Marie", qu'est-ce de cela changerait ? Donnez moi le nom que vous voudrez puisque qu'un nom était une chose futile."

Mélodie savait encore comment faire, elle aurait éclaté de rire, un rire ironique. Lui ? Très bien documenté sur les noms des personnes recherchées ?" Se croyait-il sur l'ancien monde ? Où il existait une police et des criminels fichés! Quelle réflexion ridicule et complètement déplacée. Ce garçon était vraiment inintéressant!

[Bâal]

Mélodie lui délivra un sympathique commentaire sur ce qu'il venait de dire, un discours typique de l'individu totalement méprisant. On rejète tout, on accepte rien mais on ne propose rien, c'est assez proche de la politique, cette affaire.

Elle lui expliqua que c'était lui qui faisait preuve d'agressivité. Evidement que non, c'était elle plus que personne. Bâal n'était pas du genre à chercher des noises à la première occasion.

" Vous savez très bien que je ne fais pas preuve d'agressivité, vous essayez juste de me destabiliser pour que je m'emporte. Bâal sourit. Je ne m'emporterez pas, je vais rester calme. "

Vint ensuite une déclaration sur l'importance de connaître son nom. Bâal scruta l'esprit de la jeune fille avec son pouvoir, il ne pouvait capter que quelques bribes dans les pensées directes de son interlocutrice mais suffisament pour savoir ce qu'il voulait savoir.

" Oh, vous savez, chez les gens polis, la première chose qu'on apprend d'une autre personne, c'est son nom. Mais peut-être ne faites vous pas partie de cette espèce ? Peut-être vous pensez bien au dessus de tout cela ? Je sais que vous me trouvez totalement désintéressant et que vous nourrissez des pensées inamicales à mon égard. Alors, voulez-vous que je m'en aille ? "

Bâal prononça ces mots sur un ton calme et posé.

[Mélodie]

"Essayeriez-vous de vous en convaincre ?"

Demanda Mélodie lorsqu'il parla d'agressivité. Elle n'était pas agressive! Non, Bâal était totalement à côté de la plaque: elle était parfaitement calme et posée! Mais était-il aveugle ? Pourquoi persistait-il à dire qu'Elle était agressive ? Mais il était débile ou il le faisait exprès.... Le mieux, c'était de pensé qu'il le faisait exprès, c'était moins pénible.

"Quel pouvoir de déduction. Cependant, il vous a fallu un certain temps pour comprendre que votre compagnie m'était désagréable. Alors oui, pour vous répondre, je souhaite que vous partiez. A moins d'avoir quelque chose d'enfin important à me dire. mais de cela, je crois que vous en êtes incapable Bâal..."

Répondit Mélodie, cassante et sans pitié, montrant clairement qu'elle prenait le jeune homme pour un demeuré. Mais sa tirade, elle l'avait formulée de sa voix ténébreuse et calme, comme elle l'avait toujours été depuis le début de la conversation.

[Bâal]

Bâal en était persuadé : cette fille était insociable et antipathique ; Il était sûr qu'elle tenait le même discours à tout les passants. C'était le genre de personne que l'on voit deux fois dans sa vie, une fois vivante, une fois pendue à une potence, et on se dit qu'on la connue, qu'elle ne méritait peut-être pas ça mais pourtant...

" Je vais m'en aller donc. "

Bâal se leva, prit la bride de son cheval et mit un pied dans l'etrier pour se hisser sur sa selle. Il regarda la jeune fille qui ne s'était jamais retourné, soupira et lança :

" Adieu. "

Il disparut alors dans les falaises désertiques ne laissant qu'une traînée de poussière derrière lui.

[Mélodie]

[/topic]

[Contenu sponsorisé]